LORIS NÉRY – DE JOUEUR PRO À ARBITRE

Publié le 30/12/2024

Après avoir mis un terme à sa carrière professionnelle, l’ancien défenseur (33 ans) est devenu arbitre. Le Stéphanois ne regrette pas cette reconversion et aspire à gravir les échelons.

Après plus de 260 matches chez les pros, Loris Néry a décidé de changer de maillot en octobre 2023. Passé par Valenciennes, Nancy et Grenoble, l’ancien défenseur s’est tourné vers l’arbitrage en intégrant la section de l’AS Saint-Étienne, son club formateur. À 33 ans, celui qui compte également six sélections avec l’Équipe de France Espoirs et trois en U20, officie déjà en Régional 1. Sur les traces de Gaël Angoula et Jérémy Stinat, Loris Néry ne regrette pas son choix. 

« À quel moment avez-vous pris la décision de devenir arbitre ? 
Il y a un peu plus d’un an, Pape Abdou Paye, un ancien coéquipier et ami, m’a parlé de la passerelle « joueur/arbitre » (voir encadré) après avoir rencontré Gaël Angoula lors d’un mariage. À l’époque, je cherchais encore un club pour continuer à jouer mais je ne voulais pas aller n’importe où par rapport à ma famille. Finalement, je n’ai pas trouvé ce que je voulais et j’ai passé la FIA (Formation initiale en arbitrage) à Pouilly-sous-Charlieu en automne 2023 . J’ai bien accroché et en sortant de l’examen, que j’ai réussi, je n’avais qu’une envie : être sur le terrain.

Quand avez-vous arbitré votre premier match ?
C’était le 22 octobre 2023 lors d’une rencontre de district de la Loire entre La Fouillouse et Toranche. C’était amusant car je connaissais par mal de monde, notamment des joueurs de ma génération mais aussi le coach feuillantin. Cela m’a rassuré et mis un peu plus en confiance. J’étais un peu stressé par rapport à tout l’administratif d’avant-match mais tout s’est très bien passé, même sur le terrain.

Sa fiche

Loris Néry, né le 5 février 1991 à Saint-Étienne
Poste : latéral droit
Fin de carrière : octobre 2023
Parcours : AS Saint-Étienne (1999-2012) ; Valenciennes (2012-2018) ; AS Nancy Lorraine (2018-oct. 2020) ; Grenoble Foot 38 (oct. 2020-2023)
Statistiques : 63 matches en Ligue 1 (1 buts) ; 170 matches en Ligue 2 (2 buts) ; 20 matches en Coupe de France
Sélections : 6 avec les Espoirs de l’Équipe de France ; 3 avec les U20

 

En prenant le sifflet, avez-vous été surpris par certains aspects ?
Lors de ma première formation, je me suis dit que j’allais connaître plus de choses que les autres grâce à ma carrière professionnelle. Finalement, je me suis rendu compte que les joueurs ne connaissent pas toutes les règles. Par exemple, si l’arbitre arrête le jeu dans l’une des deux surfaces, même si tu es en train d’attaquer, c’est balle à terre pour le gardien adverse. Je ne savais pas et sur le terrain, j’aurais pu râler (sourire). On se soucie très peu de du règlement quand on est pro.

Qu’est ce qui a été le plus difficile à vos débuts ?
J’ai eu la chance de ne pas trop rester en district, où tu n’as pas d’assistant pour signaler les hors jeux. C’est très difficile de tout gérer seul. Pour moi, ce sont les arbitres qui ont le plus de mérite. J’ai fait deux, trois matches à ce niveau puis je suis rapidement monté en Régional. Depuis, je ne fais que du R1, c’est beaucoup plus simple d’être en trio. Tout est allé très vite pour moi. Actuellement, je suis une formation à distance afin de passer un examen théorique à la FFF au mois de juin qui me permettra, si je réussi, d’arbitrer en National 3.

J’ai connu de la frustration et je sais comment peut réagir un joueur (…) C’est pour cela que j’essaie d’être dans le dialogue 

Quel style d’arbitre êtes-vous ?
Je m’inspire un peu de mon vécu d’ex-pro pour arbitrer. Je sais ce que j’ai aimé et moins aimé dans les arbitres que j’ai pu rencontrer. J’ai connu de la frustration et je sais comment peut réagir un joueur. J’ai toujours dit qu’un arbitre était avant tout un humain et qu’il ne pouvait pas tout voir. C’est pour cela que j’essaie d’être dans le dialogue.

Quel rapport aviez-vous avec les arbitres quand vous étiez joueur ?
Je n’étais pas trop chiant, je râlais plus à l’entraînement (sourire). J’ai pris seulement deux cartons rouges dans ma carrière, dont un contre Lille (le 10 septembre 2011). Je ne pensais pas avoir commis une grosse faute mais quand j’ai revu les images, l’arbitre a eu totalement raison de m’exclure.

267
Entre 2010 et 2023, il a disputé 267 matches pros sous le maillot de l’ASSE, Valenciennes, Nancy et Grenoble.
 
9
Le latéral droit a porté 9 fois le maillot des sélections jeunes tricolores : 6 avec  les Espoirs, 3 avec les U20.
 
2023
Le 22 octobre 2023, Loris Néry a arbitré son premier match entre La Fouillouse et Toranche (District de la Loire).

Est-ce aussi un moyen de rendre ce que le football vous a apporté ?
Je pense que je peux amener une autre approche après avoir côtoyé le monde professionnel comme joueur. Certains deviennent entraîneur pour partager leur expérience. Mon approche est un peu différente mais je reste dans le foot et cela est intéressant.

J’ai eu Gaël Angoula au téléphone après ma première formation (…) Il m’a fait part de son expérience 

Avez-vous pu échanger avec Gaël Angoula et Jérémy Stinat qui, après avoir été joueurs pros, officient aujourd’hui en Ligue 1 ?
J’ai eu Gaël (Angoula) au téléphone après ma première formation. Il m’a expliqué son parcours, qui est similaire au mien. Il m’a dit ce qu’il fallait faire pour réussir les différents examens et m’a fait part de son expérience.

 

Loris Néry sous le maillot du Grenoble Foot 38 au duel avec le Stéphanois Mathieu Cafaro en octobre 2022 lors d’un match de Ligue 2 (photo Dave WINTER / FEP / ICON SPORT). 

Ambitionnez-vous, comme eux, d’arriver au plus haut niveau ?
Je ne me fixe pas vraiment d’objectifs même si j’aimerais au moins toucher au National. Le niveau est très bon et il y a de belles ambiances dans les stades. Après, si je peux arriver jusqu’en Ligue 1 ou Ligue 2, pourquoi pas.

Continuez-vous encore de jouer au foot ?
J’ai pris une licence en foot loisirs au club de L’Étrat-La Tour (Loire) avec mon frère, Eymeric. Je m’entraîne tous les mercredis. Cela me permet de retrouver des valeurs simples même si je joue très peu : je suis très occupé le week-end, entre l’arbitrage et ma famille. »

La « passerelle » ex-joueur professionnel-arbitre

 

Les ex-joueurs professionnels candidats à l’arbitrage de haut niveau doivent suivre obligatoirement la procédure complète suivante :

  • être âgé de moins de 33 ans au 1er janvier de la saison pour laquelle le joueur candidate
  • avoir été joueur sous contrat professionnel dans une équipe de première ou deuxième division en France, Angleterre, Allemagne, Espagne, Italie ou de niveau jugé équivalent par la CFA, pendant au moins 5 saisons et n’étant plus dans cette situation depuis moins de 3 saisons complètes au 1er janvier de la saison pour laquelle il candidate (attestation demandée à la LFP)
  • avoir validé une formation initiale en arbitrage
  • être titulaire d’une licence d’arbitre depuis au moins un an à la date du dépôt de candidature et ayant été désigné régulièrement pendant cette période.

Les CRA souhaitant présenter des candidats remplissant ces critères doivent communiquer à la Commission fédérale de l’arbitrage, au plus tard le 1er décembre de la saison de candidature, le dossier administratif prévu à l’article 17.1.b) et les éléments permettant de garantir le respect des critères énoncés ci-avant. Au-delà de cette date de clôture, les candidatures seront irrecevables, il en va de même pour les dossiers incomplets.

Interview réalisée par Romain COLANGE de la FFF, reprise par la CDA Loire. 

La Commission Départementale de l’Arbitrage profite de cette entrevue pour souhaiter de joyeuses fêtes à l’ensemble des acteurs du football ligérien.

Crédit Photos : Fred MARVAUX / ICON SPORT – Instagram / Meta 

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